07 LA SECONDE GUERRE MONDIALE: La Guerre Totale

07 LA SECONDE GUERRE MONDIALE: La Guerre Totale

  

LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE

 

LA GUERRE TOTALE

 

 

INTRODUCTION :

 La 2ème guerre mondiale présente des caractères totalement différents de la guerre de 14-18. La notion de “guerre totale” les résume :

                             *  ce n’est pas seulement un engagement entre militaires, mais un engagement humain, tant par l’ampleur des victimes civiles, que par le phénomène de “résistance” et l’utilisation de la propagande.

                              *  les ressources économiques mises en jeu sont considérables ;

                              *  l’aspect scientifique et psychologique est primordial.

   Sous couvert d’affrontement idéologique, on aboutit à l’exploitation généralisée des territoires occupés (vassalisation), à la terreur organisée et à la négation même de la personne humaine (génocide).

 

 

I - LA GUERRE ECONOMIQUE, TECHNOLOGIQUE ET PSYCHOLOGIQUE (après 1942)

 

A) LES NOUVEAUX CARACTERES DE LA GUERRE:

                                         * la motorisation : introduite par la Blitzkrieg, la motorisation des armées devient une composante incontournable de la guerre.

                                        * une organisation complexe et la mise en place d’une planification de l’effort de guerre ;

           Ex : - le plan Overlord, (nom de code du débarquement en Normandie) nécessite :

-          5000 navires de transport.

-          700 navires de guerre.

-          8000 avions.

-          155 000 hommes ;

               à rassembler le 6 juin précisément, pour ne pas donner l’alerte à l’ennemi.

                   - le port artificiel d’Arromanches, construit en 48h en pleine tempête, va recevoir quotidiennement 11.000 t de matériel.

 

B) LA MOBILISATION DES POPULATIONS CIVILES

 Cela avait déjà commencé pendant la 1ère guerre mondiale mais le phénomène va prendre une ampleur considérable :

 - 17 millions d’hommes et de femmes en Grande-Bretagne.                        

 - 6 millions de femmes travaillent aux USA, où le chômage hérité de la crise de 29 est, de ce fait, résorbé.                       

 - en URSS, 10 millions de travailleurs sont transférés à l’est de l’Oural, dans des usines remontées hors d’atteinte des avions allemands ;

- le Reich a remis les femmes au travail, puis en 45, ce seront les adolescents et les vieillards qui les rejoindront dans les usines.

 C) LA MOBILISATION DES RESSOURCES

 1)       DANS LE CAMP DES  ALLIES :

      * les USA deviennent l’arsenal des démocraties, avec la loi prêt-bail de 1941 qui autorise tout pays “dont la protection présente un intérêt pour les Etats-Unis" à puiser dans les ressources américaines.

       En 1942, Roosevelt initie le “ Victory program ”:

                    - 96 000 avions sont produits en 44 (contre 5 800 seulement en 1939)

                    - 40 jours suffisent pour construire un “liberty ship” en 43 (260 jours pour un cargo standard en 1941).

     Cette aide aux pays en guerre contre l’Axe, dont l’URSS, se monte pour 70% en matériel de guerre et pour 30% en denrées agricoles ou produits industriels ; elle permet de pourvoir les armées alliées en logistique, c’est-à-dire en moyens de transport, entretien du matériel, ravitaillement, hôpitaux de campagne et moyens d’évacuation des blessés, en vue de l'offensive finale.

     Cet effort colossal est financé par l’impôt et l’emprunt (War Bonds).

      * en URSS, on produit, grâce à l’aide américaine, autant de chars et d’avions que les Allemands, au cours de l’année 1943.

 

2)      DANS LE CAMP DE L’AXE

         * Le Reich, malgré le manque de main-d’œuvre et les bombardements aériens, produit en 1945 plus d’armes qu’en 1942.

         *Le Japon est dans le même cas ; c’est la mise en coupe réglée des différents pays occupés qui leur permet ce développement de leur activité de guerre.

 

 D) LA MOBILISATION DES SCIENTIFIQUES

  “La guerre des sorciers”, d’après Churchill :

 * La recherche fondamentale avance vite et débouche sur des applications pratiques :

      - en médecine : pénicilline, cortisone, sulfamides, rein artificiel, facteur rhésus, etc...

      - en chimie : pour démoustiquer lors des combats du Pacifique, le DDT et la bombe aérosol...

      - en informatique, une nouvelle technologie née de la guerre : ENIAC (Electronic Numerical Integrator Analyser and Computer), le premier ordinateur ne dépasse guère les performances de nos montres actuelles.

                 * la recherche militaire s’active

 - le matériel devient plus fiable et performant (cf. avions et moteurs) ; les Allemands, en 1944, sortent le premier avion à réaction opérationnel (Messerschmitt 262) ;                                  

              - le Radar, (application de la  propriété qu’ont les ondes de se réfléchir sur un obstacle), va permettre à la Grande-Bretagne de triompher de la Luftwaffe ; le sonar, selon le même principe, équipe désormais les navires et permet de détecter les sous-marins ennemis.

              - la recherche balistique allemande s’attaque à l’étude des premières fusées (les V1 et V2 de Von Braun qui préfigurent les fusées américaines du futur.

               - Entre Allemands et Américains se joue une course de vitesse pour la possession de l’arme atomique.

Les grands scientifiques qui mènent les équipes de recherches (le concept d’équipe de recherche est nouveau) :

Robert Oppenheimer dirige le projet “Manhattan”, celui de la bombe atomique qui explosera à Hiroshima et Nagasaki, en collaboration avec Enrico Fermi qui est le père de la première pile à uranium ; le physicien Albert Einstein attire l’attention du gouvernement américain sur le danger d’une bombe atomique allemande...

 

E) LA MOBILISATION DES ESPRITS OU "GUERRE PSYCHOLOGIQUE"

 Définition : “ensemble des actions d’information et de propagande visant à atteindre le moral de l’ennemi” le but étant d’amoindrir la résistance de l’adversaire.

           - La radio donne lieu à une véritable guerre des ondes, avec émetteurs pirates (de plus en plus sophistiqués et parachutés aux résistants pour les missions de renseignement) et brouillage par les Allemands.

La BBC émet en 29 langues ; l’émission de Pierre Dac et M. Schuman, “ Les Français parlent aux Français” redonne espoir en France. Les Allemands émettent de la Tour Eiffel, sur Radio-Paris. Enfin, c’est un vers de Verlaine lancé sur les ondes de la radio anglaise qui donnera le top de départ pour le débarquement de Normandie.

        - Le cinéma joue aussi un rôle non négligeable : les actualités sont inféodées aux Allemands, mais la création artistique reste plus ou moins possible. De cette époque datent quelques-uns des plus grands films français : “Les enfants du Paradis ”, “ Les visiteurs du soir” etc... La propagande allemande présente “Le juif Süss”, en réponse au “Dictateur” de Chaplin.

 

      - Les journaux clandestins se multiplient dans les pays soumis pour faire pièce à la presse d’occupation. La propagande par tracts (parfois parachutés) et par voie d’affichage fait rage.

 

II- LA VASSALISATION DES VAINCUS ET LA « SOLUTION FINALE »

    La 2ème guerre mondiale est aussi la première au cours de laquelle s’affrontent des idéologies.

 A) L'EXPLOITATION HUMAINE

 Les populations vaincues sont considérées comme constituées de “sous-hommes” par les nazis ; ces Untermenschen sont donc taillables et corvéables à merci.

     - gouvernées directement de Berlin ou par un “Gauleiter”, c’est-à-dire un chef de district nazi, elles pouvaient aussi être administrées par les militaires occupant leur territoire.

  Ex : le territoire français connaissait les 3 situations :

- le Nord rattaché à la région militaire de Belgique.

- la région parisienne et Paris gouvernée par un Gauleiter ;

- l’Alsace-Lorraine rattachée directement à Berlin. 

 

- Dans tous les cas, se met en place une politique d’élimination des élites, surtout en Europe de l’Est : la Pologne est particulièrement touchée ; sur 35 millions d’habitants recensés en 1939, on comptera 6 millions de morts ; à tel point que le néologisme “polonisation” désigne une vague d’exactions et d’exécutions sommaires. Il faut y ajouter les exactions de l’Armée rouge à celle des nazis (massacre de prisonnier de guerre polonais à Katyn par le NKVD en 1940).

    - on retrouve la même attitude de mépris pour la personne humaine au long des conquêtes japonaises, en Corée, en Chine : expériences scientifiques à grande échelle (Unité 731 en Mandchourie) et prostitution forcée massive. Aucun respect des Conventions de Genève sur le traitement humain des prisonniers de guerre.

 

B) LA " COLLABORATION D'ETAT "

 

  • Certains régimes étaient plus ou moins prêts à collaborer avec l’Allemagne ou le Japon ; dans le but de germaniser l’Europe, l’Axe peut utiliser l’appareil d’état déjà existant : l’administration, la justice, la police, etc. Ce fut le cas du Danemark, avec le roi Christian X, de la Slovaquie de Monseigneur Tiso, de la Serbie, de la Grèce et ... de “l’Etat français” proclamé par Pétain.

         Ces conservateurs jouent le plus souvent la carte de la collaboration par calcul, en espérant se tirer de ce mauvais pas sans trop de casse pour leur pays : pari perdu !

La deuxième raison est un anti-bolchévisme viscéral : l’expérience soviétique fait peur aux classes possédantes ; c’est ce qui poussera la Norvège dans les bras des nazis, sous la houlette de Quisling.

  • Dans le cas du Japon, il s’agit ni plus ni moins d’une conquête coloniale où l’aspect principal est d’ordre économique ; d’autre part, le côté nationaliste au sens large, permet aux Japonais de s’affirmer sans rire les libérateurs des peuples qu’ils envahissent : les Asiatiques chassent les colonisateurs européens (cf. en Indochine)... pour occuper la place et mettre ces pays en coupe réglée pour leur plus grand profit.
  • Le Reich n’est pas non plus désintéressé sur le plan économique :

 Il impose un tribut :

-          en hommes : le nazi Sauckel impose le STO (Service du Travail Obligatoire), dès 1942, soit 7 millions d’hommes prélevés sur toute l’Europe jusqu’à la fin des hostilités.

-          en matières premières : 1/5 de la production agricole française

-          en matériel de guerre : les Allemands se sont bien gardés de détruire l’outil industriel des vaincus ; au contraire, ils l’ont préservé pour le faire tourner à leur avantage. Camions, moteurs, cellules d’avions sont dirigées vers le Reich, sur la requête du ministre Speer. Les réquisitions en matériel vont jusqu’au démontage pur et simple des usines qui prennent alors le chemin de l’Allemagne.

 -          en argent ou selon la terminologie nazie “frais d’occupation”

 La contribution des pays occupés correspond à 40% des besoins de l’Allemagne en 43.

C) LA "SOLUTION FINALE"                     

           - la première étape consiste à terroriser les populations ; on a déjà dit que les règles de la guerre n’étaient pas respectées, surtout sur les fronts russes et chinois (Convention de Genève). La Croix Rouge ne peut aller partout. Les prisonniers de guerre sont cantonnés en stalags et oflags , et soumis la plupart du temps au travail forcé. Rafles et arrestations sont courantes, perpétrées par la toute puissante Gestapo qui pratique couramment la torture et pousse les populations à la délation                         

            - les camps de concentration sont un instrument d’élimination des adversaires du régime : les Japonais l’utiliseront comme les Allemands qui visent surtout les “asociaux” (malades mentaux, handicapés, parasites...), les communistes et les “terroristes” c’est-à-dire les résistants de tous les pays occupés.

             - le cas des Juifs et des Tziganes est particulier : Hitler confia à Himmler l’élimination quasi scientifique et industrielle de ces deux populations qu’il considérait comme inférieures et causes de tous les malheurs de l’Allemagne. Les pays occupés ont adopté des législations anti-sémites dès 1940

On distingue deux étapes

-          A partir de 1939, les Einsatzgruppen (groupes spéciaux des SS) qui exterminent par balle les juifs et les minorités des territoires conquis à l’Est (Pologne, Ukraine, pays baltes)

-          A partir de 1942 (la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942), mise en place de la « solution finale » qui prévoit l’extermination de juifs avec la création des camps d’extermination (Treblinka, Maidanek, Sobibor…)

L’extermination coutera entre 6 et 8 millions de vies humaines

 CONCLUSION

 

       L’enjeu idéologique de cette guerre :

*il s’agit pour les Allemands et les Japonais d’imposer le totalitarisme et la terreur sur la planète, pour des raisons diverses (ambitions personnelles pour Hitler, nationalisme exacerbé et nécessités économiques pour les Japonais).

 *   le rêve de Staline est d’en faire autant avec le communisme.

 *  les Alliés de l’Ouest, qui collaborent avec l’URSS dans ce cas précis, veulent élargir leur influence et étendre libéralisme et démocratie (cf. la Charte de l’Atlantique 1941).

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